Quel est Le livre qui vous a le plus remué?

[Arios]

Il y a des livres qui nous font réfléchir, nous impressionnent ou nous bouleversent.

Malheureusement, c'est quelque chose de rare, qui se produit lorsque l'on est totalement disponible, généralement à l'adolescence me semble-t-il.

L'un des récits qui m'a procuré un étonnement que je qualifierais de jouissif, est celui de Patrick Süskind Le parfum. Histoire d'un meurtrier.

Ce conte philosophique est merveilleux, car il utilise non seulement un filon peu usité au moment de sa publication (les odeurs, et l'importance du parfum dans la définition de «l'humain)»), mais également une réflexion sur l'impossibilité de retenir l'insoutenable émotion qui naît avec la découverte de l'Autre (désolé, je suis lacanien... ).

Les fresques de la Provence brossées par Süskind sont envoûtantes et l'humour fin qui sous-tend ses descriptions (situations et personnages, sans compter la chute) parviennent souvent au chef-d'oeuvre.

Je ne peux lire la version allemande, mais la traduction française de Bernhard Lortholary m'a semblé parfaitement symbiotique.

Quels sont vos livres cultes?

[aceflor]

Livres cultes c'est sans doute un peu exagéré en ce qui me concerne mais certains livres ont marqué fortement des périodes de ma vie, souvent parce qu'ils réfléchissaient de manière plus ou moins fidèle ce que je vivais à ce moment donné.

"Les 4 filles du Dr March" est mon livre d'enfance favori, que je relis encore et toujours avec beaucoup de plaisir.
"....And Ladies of the Club" de Helen Hooven Santmyer est un autre inconditionnel, lu et relu.
"Borrowed Time" de Paul Monette. Tout est bien chez Monette, ou en tout cas tous ses livres me touchent profondément, mais celui-ci est le plus poignant.
"And the Band Played On" de Randy Shilts.
"La nuit a dévoré le monde" de Pit Agarmen, au premier abord encore un bouquin sur les zombies (mais un bon ), au second une parabole sur la condition humaine.
"The Line of Beauty" de Alan Hollinghurst,
"The Right Stuff" de Tom Wolfe sur le programme Mercury (je ne sais meme pas combien de fois je l'ai lu tellement je le trouve génial).
"La Curée", "Nana", "Pot-Bouille" et "Au Bonheur des Dames" de Zola.
"Une Vie" et "Bel-Ami" de Maupassant.
"Ragtime" de E.L. Doctorow.
"Wolf Hall" et "Bring Up the Bodies" de Hilary Mantel.
et enfin "Midnight in the Garden of Good and Evil" de John Berendt.

Auteurs cultes: David Sedaris, Paul Monette, Alan Hollinghurst, Hilary Mantel, Maupassant, Nancy Mitford, Edith Wharton, Henry James, et pas mal d'autres que je regretterai dans 3 secondes de ne pas avoir cités...

[Arios]

Salut ace,

Livres cultes ou livres percutants?

À l'exception des Zola (pour moi surtout L'assomoir et Thérèse Raquin), je connais très peu la plupart des livres que tu mentionnes, ce sont donc des pistes à explorer!

Comme je l'ai dit ailleurs, j'ai un faible pour la littérature anglo-saxonne, mais contrairement à toi, je suis trop paresseux pour toujours lire la version originale; j'y vais donc, pour le meilleur et pour le pire avec les traductions.

Hormis Le parfum, les livres qui m'ont le plus marqué sont dans la bonne vieille tradition nord-américaine je pense:

1) Le seigneur des anneaux, relu 6 fois!;
2) Les romans de T. Harris consacrés à H. Lecter (Le silence des agneaux, Dragon rouge, Hannibal);
3) La série Dune de F. Herbert;
4) De nombreux S. King (des plus captivants comme Ça aux plus obèses comme Le fléau version intégrale!);
5) Presque tous les H. Miller (les Tropiques, la crucifixion en rose, etc.) pour la folie et la démesure de cet homme atypique (né en 1891). Sa correspondance avec L. Durrell est remarquable.
6) Presque tous les Vian (surtout L'arrache-coeur) pour l'humour sombre et l'originalité.

[vice-versa]

Des livres qui ont marqué mon enfance et mon adolescence :
Toute la série des Rougon-Maquart de Zola
Les nouvelles d'Edgar Allan Poe
Bel Ami de Maupassant
Le Monde comme il va et Zadig ou la Destinée de Voltaire (par contre je me suis ennuyée avec Rousseau, Pascal ou Montesquieu)
le théâtre de Molière
Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire
Poil de Carotte de Jules Renard
Knock ou le Triomphe de la médecine de Jules Romain
Le Petit Chose d'Alphonse Daudet
de Hervé Bazin
Madame Ex
Vipère au Poing
La mort du petit cheval
Le cri de la chouette
Pour la littérature anglo-saxonne, j'ai été émue par La mère de Pearl Buck, et Jane Eyre de Charlotte Brontë, j'ai adoré le meilleur des mondes (Aldoux Huxley).
Par contre j'ai gardé de mes cours d'allemand un bon souvenir du Der kaukasische Kreidekreis de Berthold Brecht.
et sans doute encore d'autres qui ne me viennent pas spontanément à l'esprit.

J'ai détesté d'autres livres que j'ai eu à lire à au collège ou au lycée comme toute la littérature de Colette.
Autant j'ai aimé les chansons de Boris Vian autant j'ai été dégoûtée à jamais de ses livres par L’Écume des jours (mais je suis vraiment hermétique au surréalisme, quelque soit le média), Flaubert et Balzac m'ont mortellement ennuyée ainsi que Mémoires d'Outre-tombe de François-René de Chateaubriand (encore pire).
le théâtre de Racine ou de Corneille fut une punition (et globalement tout ce qui s'inspire des tragédies antiques, par exemple Antigone de Jean Anhouil).
Je n'ai jamais réussi à aller au bout de la Peste d'Albert Camus (très vite laissé tombé).

J'aurais adoré Victor Hugo s'il avait été un brin plus concis (un tiers des misérables et l'histoire n'avait toujours pas "démarré" ) même si je sais pourquoi (publication en feuilleton : plus on dilue, plus ça dure et donc plus ça rapporte), c'était vraiment insupportable comme les descriptions à n'en plus finir dans Notre Dame de Paris ou dans 1793

Pfff au fur et à mesure, je m'aperçois que je suis en train de dresser un vrai catalogue... Je m'arrête là donc.

[Arios]

Salut vice-versa,

C'est vrai que certains livres que nous avons détestés, peuvent nous avoir émus ou impressionnés.

Toutefois, en ce qui me concerne, je ne m'acharne jamais: si le livre me déplaît, je ne me rend jamais jusqu'au dégoût. Bien entendu, durant mes études il y a eu des textes un peu pénibles qu'il fallait lire, mais en ce qui concerne la littérature seul un Balzac (quelques Sartre peut-être ) m'a ennuyé: la chance quoi. Et puis, il faut qu'un récit me surprenne intelligemment, me sorte de ma routine intellectuelle, je suis donc prêt pour cela à quelques compromis.

En passant, tu es l'une des rares personnes que je connaisse a avoir été dégoûtée par L'écume des jours, un récit tellement fleur bleue, étonnant dans sa naïveté si on le compare, par exemple, à L'arrache-coeur. Puis-je te demander pourquoi? Le style, l'imagination débridée, les transpositions métaphoriques?

Merci (avec un peu de Karma...) de ta participation ici.

[vice-versa]

comme je le disais je suis complètement hermétique au surréalisme. La fille qui a un nénuphar qui lui pousse dans le poumon... il avait fumé quoi le gars avant d'écrire ça ? franchement j'ai détesté ce livre et ça a vraiment été une punition d'avoir à le lire et pire encore d'en faire un "résumé" et de dire pourquoi c'était un chef d'oeuvre j'ai résumé, j'ai dit honnêtement pourquoi j'avais détesté et je me suis pris une sale note

J'avais une prof de français qui considérait que tout oeuvre inscrite au programme ne pouvait forcément qu'être un chef d'oeuvre et qu'en conséquence il n'était pas permis de dire qu'on avait pas aimé, même si c'était argumenté et correctement écrit. J'ai été gâtée avec cette prof: la même année, j'ai eu le droit à l'écume des jours de Vian, Le blé en herbe de Colette et la Peste de Camus Sans compter que je n'ai pas apprécié que l'histoire racontée par Vian soit totalement invraisemblable, les deux premiers m'ont paru "gnian gnian" et le dernier chiant comme la pluie : il ne se passe rien dans La Peste, on attend et on attend et puis c'est tout. Il faut avouer que j'étais beaucoup plus branchée sur le Réalisme voire l'anticipation à la "1984", le "meilleur des mondes", "Farenheit 451" et autres livres "joyeux" et "riants" dans le même style

J'aimais les romans "noirs" mais à l'époque (en fait j'aime toujours ça ), je n'étais pas encore plus attirée que ça par les policiers alors que maintenant, je ne lis quasiment plus que ça. Je crois que parmi les premiers "policiers" que j'ai lu devaient se trouver "le chien des baskerville", le mystère de la chambre jaune" et puis "double meurtre dans la rue Morgue" et depuis, je suis infectée

Enfin parmi les livres qu'on m'ont rempli d'horreur et d'effroi, il y a également die Blechtrommel de Günter Grass. Nous avions eu à lire ce livre puis avions subi la projection du film éponyme en VO en cours d'allemand et ça m'a tenue éloignée depuis de la littérature allemande.

[rodenero]

L'an passé j'ai pris une claque. C'était Alex, de Pierre Lemaitre. J'aime le polar. J'aime le trash. Ce bouquin va au-delà. Lemaitre maîtrise les codes, et au lieu de nous en faire la démonstration, il réinvente le genre.
Bien-sûr, il vaut mieux commencer par Travail soigné, le premier tome de la pseudo-trilogie. J'ai tout lu de l'auteur, et pour moi Alex reste son meilleur. Même si c'est Au revoir là-haut qui lui a apporté le Goncourt.

Avertissement. Avant de vous lancer dans sa lecture, ne lisez aucun résumé. Pitch = spoil. Alex est un mystère pour qui n'a pas lu, et elle doit le rester.

[Arios]

Salut rodenero,

Tu es bien courageux de réactiver ce post, mais surtout très avisé de me/nous faire connaître un auteur que je ne connaissais pas (ou que de nom).

Ton avertissement à propos d'Alex est pertinent surtout pour un polar, mais je suis curieux et j'ai lu en diagonal la page d'un blog à son propos et ça m'a vraiment donné le goût de le lire.

Je t'en reparle as soon as possible, lorsque j'aurai mis la main dessus!

Bonne journée